Sonne! sonne, joyeux carillon!

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1 - Mais pour être heureux comme ma pomme, message d'alerte répété plusieurs jours.
2 - Message plus impératif précisant que le parachutage aurait lieu le lendemain: cherche un autre prénom.
3 - Le dimanche 8 mai; sonne! sonne!, joyeux carillon! C'est pour ce soir.

Par un clair de lune magnifique, Gaillardon, Esnault, Marga, Schweiger et Terrien se rendent sur le terrain de la Brosse qui a été choisi. Minuit passe et soudain un ronflement se fait entendre au loin: est-ce lui? Quelques minutes d'attente... Le bruit s'amplifie venant dans la direction du terrain. Aucun doute! Gaillardon et Esnault prennent place et, dès que l'avion ronfle au-dessus d'eux, ils allument leurs torches et font les signaux convenus. L'avion remarque leurs signaux, fait le tour du terrain et disparaît. Le silence tombe, tous se rejoignent anxieux et se demandent ce qui se passe. st-ce un avion anglais ou un avion allemand? Terrien est affirmatif: «C'est un anglais ! » Alors, attendons son retour ou l'arrivée d'un autre.
Gaillardon, Marga, Esnault déambulent en discutant lorsque soudain un ronflement bruyant se fait entendre. Pas de doute, c'est lui... Au risque de tomber d'essoufflement, GaiIlardon et Esnault se précipitent à leurs places respectives, balisent et font les signaux convenus juste au moment où l'avion traverse le terrain à 300 mètres d'altitude; il fait rapidement un tour, descend à 150 mètres, ralentit, lâche d'abord deux parachutes qui se dirigeront vers le bois puis deux autres qui tomberont au milieu du terrain. Tandis que Esnault se précipite vers ceux du bois où il découvrira deux containers contenant du matériel, Gaillardon et Marga verront tomber les deux parachutistes qui, sans perdre une minute, coudes aux corps et parachutes aux épaules, disparaissent dans le bois voisin.
On part immédiatement à leur recherche à l'exception des gendarmes qui, eux, resteront cachés jusqu'au moment où les parachutistes seront prévenus de leurs présences !Ir, devant les uniformes, ils pourraient avoir des réactions brutales.
On avance dans l'ombre vers le bois et, soudain, un homme se présente revolver au poing après s'être débarrassé de son parachute et prêt à vendre chèrement sa vie s'il a affaire à des boches ou à des traîtres. Il n'en est rien et l'on se serre chaleureusement la main gauche tandis que la main droite étreint le revolver.
A la question posée; «Pourquoi êtes-vous parti en courant dès votre chute? », la réponse fuse dans le plus pur langage parisien: «Parce que j'étais en plein soleil». En effet, la lune battait son plein.
On poursuivit les recherches et, quelques moments plus tard, le second parachutiste !I rejoint le groupe. Les deux héros venus du ciel ne cachent pas leur surprise et leur joie d'apprendre que les gendarmes sont là et, dès qu'ils réapparaissent, les félicitent chaleureusement de leur attitude.
rapidement, les parachutes sont pliés et le matériel rassemblé sous bois. Devant son importance, il est décidé de le laisser sur place sous la garde vigilante de Marga - toujours volontaire -. Les parachutistes dépouillés de leurs vêtements et devenus d'élégants civils emboîtent le pas de leurs nouveaux amis et se dirigent à travers bois vers Souppes : on emprunte les chemins détournés pour atteindre la route de Chaintreaux et, ensuite, Esnault et Schweiger prennent chacun un parachutiste sur le cadre de leur vélo et, à vive allure, on se dirige vers Fonteneilles-le-Boulay, route du Coudray. En amorçant la descente vers Souppes, à quelques centaines de mètres du but, un nouveau parachutage
a lieu, c'est celui de Schweiger et de son passager qui, trop engagés dans la pente, culbutent sans se faire de mal. Quelques minutes après, tout ce monde est rassemblé chez Esnault et, tandis qu'un substantiel casse-croûte se prépare, une foule de questions sont osées aux nouveaux venus. On apprend ainsi quelle est la puissance formidable des alliés, combien les Anglais qui ont cruellement souffert comprennent notre pays et admirent la Résistance, l'immense popularité du général de Gaulle. La vie en Algérie depuis la Libération car, déjà, ces deux hommes, évadés de France deux ans plus tôt, ont participé, dans les mêmes services, aux opérations de Tunisie.

- Croyez-vous que les alliés débarqueront bientôt ? Qu'ils réussiront à débarquer ?
- Nous en sommes sûrs,
- Quand?
- Nous l'ignorons mais nous avons toutes les raisons de croire qu'un mois ne s'écoulera pas avant que ce ne soit un fait accompli.
(Nous sommes le 8 mai)

Le jour commence à poindre quand on se décide de prendre quelque repos. Les parachutistes se couchent tandis que Gilbert part chez Belugeon et, avec la voiture de ce dernier, va rejoindre Marga et prendre en charge le matériel. Comme d'habitude, Maurice part à son travail et quand il rentre à midi, il apprend que, dans la matinée, Schweiger est venu recommander les plus grandes précautions car la Gestapo est à Souppes.
Ce n'est qu'une alerte et, après déjeuner, on se rend chez Gilbert où l'on retrouve Georges Moulin du groupement Libération.

Après un échange de vues assez long, il est décidé que ces hommes s'installeront définitivement à Souppes et dans la région immédiate, qu'ils auront un pied à terre à Melun où se rendra fréquemment l'observateur, M. Louis, pour y faire ses enquêtes, ramasser les renseignements qu'il transmettra à son radio, M. André, qui les câblera à Londres.

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