Dès le lendemain, Louis et André se rendront à Melun avec Moulin qui leur procurera les faux papiers nécessaires, carte d'inspecteur des Ponts et Chaussées, permis de circuler, etc. Il les mettra plus tard en relation avec M. Bouteloup qui apportera, par la suite, un précieux et dévoué concours à l'organisation.
Louis, qui possédera un domicile à Melun, se rendra fréquemment dans cette ville où il recueillera, grâce à l'obligeance des bons Français, des cantonniers et agents des Ponts et Chaussées, des renseignements très précieux sur les déplacements de troupes, convois de matériels, dépôts de munitions, etc. Il pourra, grâce aux chauffeurs des Ponts et Chaussées et à leurs chefs, effectuer tous les déplacements nécessaires et transporter d'un point à un autre les postes de radio avec lesquels André transmettra les messages à Londres.
Accompagné de M. Bouteloup, dont il sera le passager, il fera de (mots manquants) en moto au cours desquelles il recueillera des renseignements.
Cependant, il ne fera à Melun que des séjours très courts, deux ou trois jours maximum, et régulièrement il redescendra à Souppes où on le rencontrera souvent dans la ville, accompagné des camarades de l'organisation, sans que personne ne se doute du rôle important qu'il remplit.
Il habitera au cours des premières semaines chez M. Belugeon, au Bois d'Haies, puis chez M. Gaillardon père à Lorrez, tandis qu'André sera l'hôte de Marga.
Par la suite et pour ne pas attirer l'attention, André habitera simultanément à Lorrez chez M. Trembleau d'où il émettra, sous la protection du fils et du neveu de ce dernier, e nombreux messages pour Londres, puis à Ceriseaux chez M. Monnier, à Barbizon chez M. Creuzet, à Chenou chez M. Chaurat.
Pour éviter que les Allemands puissent découvrir les postes émetteurs dont ils l'ignorent pas l'existence, et ceci grâce aux nombreuses voitures détectives dont ils disposent, il est indispensable de prendre de grandes précautions; émettre au milieu d'un bois, dans une carrière, etc. et surtout changer souvent, à la fois les longueurs d'onde et l'emplacement de l'émission.
André émettra un peu partout dans la région sous la protection et avec l'aide de tous, notamment de Marga, Roger Collin et surtout Jean Tissier qui promènera dans les rues de Souppes et ailleurs les postes radio sur son porte-bagages de jour comme de nuit.
Il est constitué par M. Moulin avec l'aide de M. Bravo, un réseau de renseignements complet qui a des antennes dans toutes les administrations: P.T.T., Chemins de Fer, Ponts et Chaussées, etc.
Les transports d'armes et de postes émetteurs sont effectués par MM. Moulin, Bravo et Laborie. Lorsqu'il s'agit de déplacements à longue distance, ce dangereux travail est plus spécialement confié à M. Ortet qui, étant réquisitionné pour assurer le service de la Feldpost, passa au travers des réseaux de surveillance avec plus de facilité que ses camarades. C'est ainsi que sont transportés en Eure-et-Loir et dans l'Oise des groupes de radios parachutés que M. Moulin contacte dès leur arrivée et qu'il est chargé d'acheminer vers les destinations lointaines.
La liaison est constante entre Paris et Melun et chaque parachutage annoncé à Moulin est secrètement organisé.
De cette façon, les renseignements partent directement et sans retard pour Londres.
Les mêmes dispositions sont mises en vigueur par le groupe Moulin qui est aussi en liaison constante avec des officiers du War Office, à Nangis, mais ceci est une autre histoire que nous relaterons prochainement.
C'est ainsi que 422 messages purent être expédiés en Angleterre, fournissant des renseignements précieux tels que l'activité du camp d'aviation de ViIlaroche : arrivée départ d'avions, trafic, emplacement de D.C.A., dépôts de munitions et d'essence, etc. .
Trafic ferroviaire: contrôle des transports militaires, munitions, matériel, troupes, etc.
Coordonnées et détails des terrains d'aviation auxiliaires parmi lesquels: HautefeuiIle, Chambusson, Le Ménil.
Bases de lancements V 1 et atelier de montage, etc.
Rapport sur raffinerie de Bourron ; sur dépôt de locomotives et d'essence à Montargis; dépôts d'essence de Seine-Port et de Thomery ; ateliers de réparation de moteurs à Ponthierry ; dépôts munitions route Ronde, etc.
Coordonnées et détails; emplacement des défenses de Malesherbes, d'un poste important de repérage à Gondreville.
Renseignements sur passage de convois divers, chars, camions, troupes.
Détails et renseignements sur troupes se trouvant à Melun, Fontainebleau, Montargis, etc
Tous renseignements de grande importance et qui valurent depuis, à leurs auteurs, les félicitations chaleureuses de leurs chefs qui sont personnellement venus à Souppes pour remercier Gaillardon et le prier de transmettre leurs félicitations à tous ceux qui aidèrent à cette mission.
Cette activité ne fut pas la seule que manifestèrent les V.P.O. du secteur au cours de cette période. Jour après jour, l'organisation prit plus d'ampleur. Les différents sous-secteurs s'organisèrent: Trembleau à Paley, Gallois à Lorrez et L 'Héritier à Villeniard, constituèrent un groupe de parachutages ainsi que Pouvreau à Voulx et Piat à Nemours qui, lui aussi, fournit grâce à l'organisation parfaite de son service de nombreux renseignements à Louis.
Le courrier de la Kommandantur fut régulièrement intercepté, évitant ainsi de nombreuses dénonciations, la plupart anonymes. Gaillardon continuait ses contacts avec Paris, évacuait de la capitale avec ses camions certaines personnes menacées telles que le général de B... ou le commandant B... qu'il conduisait à Souppes et, de là, Martin ou Petitpas les transportait en Sologne ou ailleurs dans des lieux sûrs.
Cinq terrains de parachutages avaient été indiqués et acceptés à Londres. Tous les soirs, les messages personnels étaient écoutés avec espoir mais jour après jour, cet espoir était déçu et il fallait attendre.