Chaque container remplissant cinq sacs à charbon

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Depuis quelques jours et à la suite des différentes incursions dans les fermes environnantes, tant des boches que des miliciens, Gilbert avait décidé la constitution du maquis. Tous les détails en avaient été prévus à l'avance. Les réfractaires venant de toutes les directions se centralisèrent au lieu indiqué et commencèrent immédiatement leur installation. Le ravitaillement fut assuré remarquablement par l'équipe de Dordives, Mesnil, Petitpas, Belugeon, etc. Nos maquisards s'employèrent à s'installer rapidement aussi confortablement que possible au milieu des taillis tout en assurant une garde aussi confortablement que possible au milieu des taillis tout en assurant une garde vigilante et en se familiarisant avec les armes mises à leur disposition. Leur présence à proximité du terrain de parachutage rendait ceux-ci plus faciles.
Dans l'après-midi du dimanche 7 juillet, une camionnette arriva de Paris, occupée par quatre hommes dont trois avaient déjà été parachutés d'Angleterre et qui venaient pour recevoir leurs camarades et transporter avec cette voiture leur matériel à Paris. Vers onze heures du soir, se trouvait, sur le terrain, l'équipe de Souppes y compris Léa Monnier qui ne devait manquer à aucun parachutage, l'équipe de Dordives, les maquisards et les quatre hommes arrivés dans l'après-midi auxquels s'étaient joints Louis et André. La lune était absente, les difficultés de repérage étant plus grandes pour les avions, un dispositif spécial parachuté quelque temps avant et appelé «Euréka» fut mis en service. Il permettait de prendre contact avec le ou les avions à quelques distances du terrain et de faciliter aussi la tâche pour atteindre celui-ci. Vers une heure du matin, la prise de contact put être établie et, quelques minutes plus tard, un immense «Halifax» survolait les bois de Cercanceaux, le balisage toujours dirigé par Gilbert fut allumé, l'avion évolua au-dessus du terrain, accomplissant divers tours, puis il descendit, passa une première fois dans l'axe formé par les lampes et, au passage suivant, largua douze parachutes auxquels étaient accrochés les containers de matériel des équipes qui allaient être parachutées quelques instant plus tard.
Tandis que le balisage se déplaçait d'une centaine de mètres afin d'éviter une chute désagréable sur l'un des containers gisant sur le terrain, l'avion s'éloignait quelques instants. Bientôt de retour, il prit de nouveau l'axe formé par le balisage, ralentit sa vitesse au maximum et les spectateurs attentifs purent voir successivement s'élancer dans le vide, sur une longueur de deux cents mètres, quatre parachutistes vers lesquels se précipitèrent les équipes prévues à l'avance pour les recevoir au sol.
L'avion reprenant de la hauteur accomplissait un nouveau circuit autour du terrain et, quelques minutes plus tard, quatre autres parachutistes sautaient de l'appareil qui, délesté, reprenait après un passage en rase motte la direction de l'Angleterre. Déjà les containers étaient rassemblés un par un, les parachutistes accompagnés de quelques maquisards portant leurs parachutes et accessoires se rassemblaient posant de multiples questions.
L'un d'eux devait atteindre le lieu de ralliement soutenu par deux de ses nouveaux 27 amis, sa chute avait été dure et il souffrait terriblement des pieds. Après quelques minutes passées à échanger de franches poignées de mains et quelques paroles qui précisèrent que cette équipe était bien dans l'avion qui, quelques jours plus tôt, avait survolé avec tant d'insistance le terrain, tout le monde se mit au travail qui consistait à déballer les containers, à en classer leurs contenus, par équipe de deux hommes, possédant chacune un indicatif tel que Latecoere, Breda, Storche, Huricanne etc., à mettre le tout dans des sacs à charbon de bois qui seraient intégrés dans le chargement composé de cette marchandise que transporterait la camionnette. Chaque container remplissant cinq sacs à charbon, il fallut envisager de faire plusieurs voyages de Souppes à Paris. Berton qui dirigeait le transport décida, avec Alain, le chauffeur, de faire trois voyages: le premier fut chargé immédiatement et des instructions furent données pour que Jacques de la Carabinerie vint aux premières heures du jour, avec un cheval et une voiture, chercher les sacs restants pour les descendre chez lui où il serait plus facile de les charger dans la camionnette, évitant ainsi à celle-ci de pénétrer dans les bois où elle risquerait d'attirer l'attention.
Tous ces travaux s'étant prolongés fort avant dans la nuit, il devenait impossible, comme cela avait été prévu, aux parachutistes, de descendre à Dordives avant le jour. Leur sortie du bois à sept heures du matin, en tenue de ville, pouvant paraître suspecte, il fut décidé qu'ils resteraient au maquis et que, dans la journée, les amis de Dordives viendraient les chercher pour les y conduire par des chemins opposés.
Gilbert donna l'ordre à chacun des participants venus de l'extérieur de rentrer rapidement, le jour n'allait pas tarder à poindre et, tandis que la camionnette se dirigeait à travers bois vers Dordives suivie de Berton à bicyclette, Gilbert, Maurice et Louis rentrèrent à Souppes où la voiture devait les rejoindre pour y compléter son chargement de charbon de bois. Arrivés les premiers, ils attendirent longuement celle-ci, leurs inquiétudes devinrent encore plus grandes quand ils furent rejoints par Berton qui avait été distancé dans les bois par la camionnette et qui, l'ayant perdue de vue, la croyait arrivée depuis longtemps. Il n'en était rien et il fallut l'attendre encore de longues minutes pour la voir enfin déboucher dans la rue de Paris; elle s'était perdue dans le bois et avait heureusement fini par retrouver son chemin.

 

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