Une rude alerte!
Pour faciliter la mise en place du chargement, Alain décida de rentrer la voiture dans la cour de Gilbert mais, tandis qu'il était occupé à manœuvrer pour y pénétrer, dirigé par Louis et Maurice, trois grosses motocyclettes allemandes montées par des feldgendarmes arrivant en trombe de la direction de Montargis, l'encadrèrent, l'obligèrent à monter sur le trottoir et à s 'arrêter. Imperturbable, Alain obtempéra sous les yeux de ses amis qui restèrent impassibles mais dont les coeurs battaient la chamade.
Sans plus attendre à intervenir, les Allemands relancèrent leurs machines tandis que les premières voitures d'un convoi roulant à vive allure traversèrent Souppes, donnant ainsi l'explication de cette violente émotion. Après de telles secousses et une nuit aussi chargée, il était nécessaire de reprendre des forces et c'est réconfortés par un sérieux casse-croûte que les occupants de la camionnette reprirent la route de Paris.
Ils devaient revenir accomplir les deux autres voyages qui se passèrent sans encombre. combien en accomplirent-ils? Ces jeunes gens de vingt ans, dans la France entière, transportant des parachutistes ou du matériel, eux seuls pourraient le dire? Hélas! le dernier voyage de leur mission, le 20 août, devait être fatal. Il ne revinrent pas et l'on devait apprendre quelques semaines plus tard qu'ils avaient été fusillés par les Allemands, victimes de leur courage, de leur confiance dans la victoire et dans la destinée de leur patrie.
Au cours de la journée qui suivit, guidés par le groupe de Dordives, les parachutistes se rendirent dans des maisons amies où ils devaient séjourner les quelques jours nécessaires pour prendre contact et se familiariser à la vie française.
Trois trouvèrent asile chez M. Hayé, deux chez M. Georges Gaillard, deux chez M. Belugeon ; ils devaient attendre là l'arrivée des Américains. Le docteur Sanseigne appelé constata une fracture des deux métacarpes nécessitant un repos absolu : sa chute lui avait été fatale et il dut ronger son frein tandis que ses camarades, plus heureux, après avoir été soigné magnifiquement pendant quelques jours à Dordives, partaient vers Paris et leur secteur, par des moyens divers.
Alerte aux parachutes!
Quelques jours plus tard, la radio émit trois messages successifs pour le secteur de Gilbert. Tous les préparatifs furent faits pour assurer une réception aussi importante sur trois terrains différents. Ces parachutages ne devaient pas avoir lieu car, au cours de la soirée, un agent de liaison vint porter l'ordre à Gilbert de suspendre tout parachutage sans nouvel avis, à la suite de l'arrestation du chef responsable des services de liaison que la Gestapo venait d'effectuer la veille à Orléans.
Celui-ci pouvait être porteur d'indications concernant les terrains de parachutages et il était donc prudent de tout suspendre. Des ordres furent immédiatement donnés qui interdirent toute opération pour le soir même, ce qui n'empêcha pas les avions de venir sur le terrain de parachutage et de les survoler longuement avant de se décider à gagner l'Angleterre, ne découvrant, et pour cause, aucun balisage.
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